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Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/44

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J*ai été battu, le 8 mai, dans ce même arrondissement par 9.593 voix contre 1.213.

La Vérité serait moins belle, elle serait moins noble, si elle triomphait du premier coup. C’est presque une loi de l’histoire que le piédestal où elle se dresse, pure et victorieuse, est fait d’humiliations et de défaites.

Joseph REINACH,
Ancien député.

Après le 11 janvier tout semblait consommé. Mais, d’un brusque et violent effort, Zola a enfoncé les portes de la Cour d’assises, et la lumière à laquelle il a voulu livrer passage luit, depuis ce moment, avec une telle clarté que rien ne pourra plus l’étouffer.

Le jour certain où l’œuvre de réparation à laquelle il s’est dévoué aura pu s’accomplir, on ne songera plus à lui reprocher sa révolte passionnée contre une chose jugée faite d’irrégularités et d’erreurs : on ne verra dans son acte que les sentiments généreux qui l’y ont poussé, et on lui sera reconnaissant de ce que lui devront le Droit éternel et la vraie Justice.

Quant aux sycophantes qui, sans bonne foi, l’accusent encore d’avoir insulté l’armée et trahi la Patrie, ils s’empresseront alors de rentrer dans l’antre. Il en sera de leurs mensonges ainsi que des nuages qui passent. La vérité a ses revanches assurées comme le soleil !

L. TRARIEUX.
Ancien Ministre de la Justice,
Sénateur.

Paris, 12 Mai 1898.