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Page:Livre d'hommage des lettres françaises à Émile Zola, 1898.djvu/50

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Kant, Darwin, Spencer, Comte, Taine et Flaubert. Nous sommes la puissance de l’idée latine qui depuis vingt siècles triomphe de tous ses vainqueurs, Scandinaves, germains, tartares, arabes ; qui régit de son Code justinien les barbares de la justice humaine, de la liberté individuelle et de la fraternité des races.

Jamais, dans les temps connus, les mains rouges n’ont prévalu contre elle. Consumée sur les bûchers d’Inquisition, chassée par le glaive, étouffée par les assassins militaires, elle a resurgi plus grande de la mort passagère.

Elle ancre dans l’âme des cités cette certitude :

Il n’y a qu’une honte : Détruire et haïr,
Il n’y a qu’un orgueil : Produire et chérir.

Contre les mensonges de la brutalité, elle leva le flambeau du savoir ; et ce flambeau commence à éclairer les foules.

Gens de l’intolérance et du meurtre, vous êtes le passé. Les sursauts de votre agonie n’empêcheront point la naissance du nouveau temps.

Vous êtes l’époque de la guerre. L’époque du trafic vous succéda. Celle-ci eut ses hontes, ses bassesses et ses crimes que vous reprochez aux juifs ; mais les hontes, les bassesses et les crimes de l’Argent engendraient déjà les formes d’un progrès supérieur aux infamies de la conquête sanglante, et du vol à la main rouge. Après celui de la force, et celui du dol, un autre pouvoir surgira : celui de l’Intelligence prêt d’abolir les haines de sectes, les haines de nationalités, les haines de l’argent et d’instaurer la justice véritable.