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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/104

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Du Gouvernement Civil,

l’étendue d’une possession, mais dans la pourriture et dans l’inutilité des fruits qui en proviennent.

XXIII. Or, nous voilà parvenus à l’usage de l’argent monnoyé, c’est-à-dire, à une chose durable, que l’on peut garder long-tems, sans craindre qu’elle se gâte et se pourrisse ; qui a été établie par le consentement mutuel des hommes ; et que l’on peut échanger pour d’autres choses nécessaires et utiles à la vie, mais qui se corrompent en peu de tems.

Et comme les différens degrés d’industrie donnent aux hommes, à proportion, la propriété de différentes possessions ; aussi l’invention de l’argent monnoyé leur a fourni l’occasion de pousser plus loin, d’étendre davantage leurs héritages et leurs biens particuliers. Car supposons une isle qui ne puisse entretenir aucune correspondance et aucun commerce avec le reste du monde, dans laquelle se trouve seulement une centaine de familles, où il y ait des moutons, des chevaux, des bœufs, des vaches, d’autres animaux utiles, des fruits sains, du bled, d’autres choses capables de nourrir cent mille fois autant de personnes qu’il y en a dans l’isle ; mais que, soit