Aller au contenu

Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
par M. Locke.

amené la raison, et eussent rendu le jeune monarque capable de se conduire lui-même, et de conduire les autres. Les nécessités de sa vie, la santé de son corps, l’instruction et la culture dont son esprit a besoin, demandent qu’il soit conduit et gouverné par la volonté des autres, non par la sienne propre. Qui pourra, après cela, soutenir raisonnablement que cette sujétion ne sauroit s’accorder avec cette liberté de souveraineté à laquelle il a droit, ou qu’elle le dépouille de son empire et de sa domination, pour en revêtir ceux qui le gouvernent durant sa minorité ? Ce qu’ils font ne tend qu’à le rendre plus capable de conduire les autres, et à le mettre en état de prendre plutôt les rênes du gouvernement. Si donc quelqu’un me demandoit, quand est-ce que mon fils est en âge de liberté ? Je répondrois : justement lorsque ce Monarque est en âge et en état de gouverner. Mais dans quel tems, dit le judicieux Hooker[1], un homme peut-il être regardé comme ayant l’usage de la raison ? Ce tems, c’est celui où il est capable de connoître la nature de ces loix, suivant lesquelles tout homme

  1. Eccl. Pol., lib. 1, §. 6.