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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/141

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par M. Locke.

avoit en ce tems-là à l’avarice, ne pouvoit que rarement produire des disputes ; et lorsqu’il s’en élevoit quelqu’une, qui étoit plus propre à les terminer que celui par les soins duquel ils avoient été nourris et élevés, que celui qui avoit tant de tendresse pour eux tous ? Il ne faut donc pas s’étonner si l’on ne distingua pas alors entre minorité et âge parfait ; si l’on n’examinoit point si quelqu’un avoit vingt ans, s’il étoit dans un âge où il pût disposer librement de sa personne et de ses biens, puisqu’en ce tems-là on ne pouvoit desirer de sortir de tutelle. Le gouvernement auquel on étoit soumis, continuoit toujours, à la satisfaction de chacun, et étoit plutôt une protection et une sauve-garde qu’un frein et une sujétion, et les enfans n’auroient pu trouver une plus grande sûreté pour leur paix, pour leurs libertés, pour leurs biens, que dans la conduite et le gouvernement de leur père.

XXV. C’est pourquoi les pères, par un changement insensible, devinrent les monarques politiques de leurs familles : et comme ils vivoient long-tems et laissoient des héritiers capables, et dignes de leur succéder, ils jetèrent ainsi insensiblement