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par M. Locke.

se joindre ensemble, les oblige à se choisir de nouvelles compagnes. Et ici, on ne sauroit admirer assez la sagesse du grand créateur, qui ayant donné à l’homme des qualités propres pour pourvoir à l’avenir, aussi bien que pour pourvoir au présent, a voulu et a fait ensorte que la société de l’homme et de la femme durât beaucoup plus long-tems que celle du mâle et de la femelle parmi les autres créatures ; afin que par-là l’industrie de l’homme et de la femme fût plus excitée, et que leurs intérêts fussent mieux unis, dans la vue de faire des provisions pour leurs enfans, et de leur laisser du bien : rien ne pouvant être plus préjudiciable à des enfans qu’une conjonction incertaine et vague, ou une dissolution facile et fréquente de la société conjugale.

V. Ce sont-là certainement les fondemens de l’union conjugale, qui est infiniment plus ferme et plus durable parmi les hommes, que parmi les autres espèces d’animaux. Cependant, cela ne laisse pas de donner occasion de demander, pourquoi le contrat de mariage, après que les enfans ont été procréés et élevés, et qu’on a eu soin de leur laisser un bon héritage, ne peut être déterminé de sorte que le mari et la femme