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par M. Locke.

reté, à son aise et à son abondance. C’est alors que l’on commence à fouiller dans l’histoire de ces fondateurs, et à rechercher son origine, quand la mémoire s’en est perdue ou obscurcie. Car les sociétés ont cela de commun avec les personnes particulières, qu’elles sont d’ordinaires fort ignorantes dans leur naissance et dans leur enfance, et si elles apprennent et savent quelque chose, ce n’est que par le moyen des registres et des monumens que d’autres ont conservés par hazard. Ceux que nous avons du commencement des sociétés politiques, si l’on excepte celle des Juifs, dans laquelle Dieu lui-même est intervenu immédiatement, en accordant à cette nation des faveurs très-particulières, nous ont conservé des exemples clairs de ces commencemens de sociétés, dont j’ai parlé, ou du moins ils nous en font voir des traces manifestes.

VIII. Il faut avouer qu’on a un étrange penchant à nier les choses de fait les plus évidentes, lorsqu’elles ne s’accordent pas avec les hypothèses qu’on a une fois embrassées. Qui est-ce aujourd’hui qui ne m’accordera que Rome et Venise ont commencé par des gens libres et indépendans au regard les uns des autres, entre lesquels il n’y