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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/283

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par M. Locke.

avoient ; mais non sur la vie ou sur les biens de ceux qui n’ont point été engagés dans la guerre, ni même sur les possessions de ceux qui ont été actuellement engagés.

V. En second lieu, je dis qu’un conquérant n’acquiert du pouvoir que sur ceux qui ont actuellement assisté ses ennemis dans une guerre injuste, et ont effectivement concouru et consenti à l’injuste violence dont on a usé envers lui. En effet, le peuple n’ayant point donné à ses conducteurs le pouvoir de rien faire d’injuste, par exemple, d’entreprendre une injuste guerre (hé ! comment pourroit-il leur donner un pouvoir et un droit qu’il n’a point ?) il ne doit pas être chargé et regardé comme coupable de la violence qu’on a employée dans une guerre injuste, qu’autant qu’il paroît l’avoir excitée ou fomentée, il ne doit pas être censé plus coupable d’une guerre de cette nature, qu’il doit l’être de la violence et de l’oppression dont auroient usé ses conducteurs envers lui-même, ou envers une partie de leurs sujets, ne les ayant pas plus autorisés à un égard qu’à l’autre. Les conquérans, à la vérité, ne se mettent guère en peine de faire ces sortes de distinctions ; au contraire, ils ne se plaisent qu’à confondre tout