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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/298

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Du Gouvernement Civil,

et des gens exposés aux fureurs et aux calamités de la guerre. Et qui doute que les Chrétiens de la Grèce, qui sont descendus des anciens possesseurs de ce pays, qui est aujourd’hui sous la domination du Grand-Seigneur, ne pussent justement, s’ils avoient assez de force pour cela, secouer le joug des Turcs, sous lequel ils gémissent depuis si long-tems ?

XIX. Mais accordons, qu’un conquérant, dans une juste guerre, a droit sur les biens, tout de même que sur les personnes de ceux qui sont subjugués, il est pourtant clair que cela n’est point ; il ne s’ensuivroit pas, sans doute, que dans la suite de son gouvernement, il dût avoir un pouvoir absolu. Car les descendans de ces gens-là étant tous hommes libres, s’il leur donne des biens et des possessions, afin qu’ils habitent et peuplent son pays, sans quoi il ne seroit de nul prix et de nulle considération, ils ont un droit de propriété sur ces possessions et sur ces biens : or, la nature de la propriété consiste à posséder quelque chose, en sorte que personne n’en puisse légitimement prendre rien, sans le consentement du propriétaire.

XX. Leurs personnes sont libres, par un