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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/332

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Du Gouvernement Civil,

moyen du pouvoir législatif établi, et par une libre et juste exécution des loix faites par ce pouvoir. Et dire, que le peuple doit songer à sa conservation, et ériger une nouvelle puissance législative, lorsque, par oppression, ou par artifice, ou parce qu’il est livré à une puissance étrangère, son ancienne puissance législative est perdue et subjuguée ; c’est tout de même que si l’on disoit que le peuple doit attendre sa délivrance et son rétablissement, lorsqu’il est trop tard pour y penser, et que le mal est sans remède ; et l’on parleroit comme feroient des gens qui conseilleroient à d’autres de se laisser rendre esclaves, et de penser ensuite à leur liberté, et qui, dans le tems que des esclaves seroient chargés de chaînes, exhorteroient ces malheureux à agir comme des hommes libres. Certainement, des discours de cette nature seroient plutôt une moquerie qu’une consolation ; et l’on ne sera jamais à couvert de la tyrannie, s’il n’y a d’autre moyen de s’en délivrer, que lorsqu’on lui est entièrement assujéti. C’est pourquoi on a droit, non-seulement de se délivrer de la tyrannie, mais encore de la prévenir.

XI. Ainsi, les gouvernemens peuvent se