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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/355

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par M. Locke.

est arrivé, il ne peut pas punir le Prince qui est l’auteur de l’injustice et de l’attentat. Voici donc en quoi consiste le privilége des peuples, et la différence qu’il y a entre eux, sur ce sujet, et des particuliers, c’est qu’il ne reste à des particuliers, de l’aveu même des adversaires : si l’on excepte Buchanan, qu’il ne leur reste, dis-je, pour remède, que la patience ; au lieu que les peuples, si la tyrannie est insupportable (car on est obligé de souffrir patiemment les maux médiocres), peuvent résister, sans faire rien de contraire à ce respect qui est dû à des Souverains ».

XXIII. C’est ainsi qu’un grand partisan du pouvoir monarchique approuve la résistance et la croit juste. Il est vrai qu’il propose deux restrictions sur ce sujet, qui ne sont nullement raisonnables. La première est, qu’il faut résister avec respect et avec révérence. La seconde, que ce doit être sans vengeance et sans punition ; et la raison, qu’il en donne, c’est qu’un inférieur n’a pas droit de punir un supérieur. Premièrement, comment peut-on résister à la force et à la violence, sans donner des coups, ou comment peut-on donner des coups avec res-