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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/66

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Du Gouvernement Civil,

membres d’une même société ; et ils sont tous également obligés de se soumettre à la pure détermination des loix : car alors ils ont le remède de l’appel pour les injures passées, et pour prévenir le dommage qu’ils pourroient recevoir à l’avenir. Que s’il n’y a point de tribunal devant lequel on puisse porter les causes, comme dans l’état de nature ; s’il n’y a point de loix positives et de Juges revêtus d’autorité ; l’état de guerre ayant une fois commencé, la partie innocente y peut continuer avec justice, pour détruire son ennemi, toutes les fois qu’il en aura le moyen, jusques à ce que l’agresseur offre la paix et desire se reconcilier, sous des conditions qui soient capables de réparer le mal qu’il a fait, et de mettre l’innocent en sûreté pour l’avenir. Je dis bien plus, si on peut appeler aux loix, et s’il y a des Juges établis pour régler les différends, mais que ce remède soit inutile, soit refusé par une manifeste corruption de la justice, et du sens des loix, afin de protéger et indemniser la violence et les injures de quelques-uns et de quelque parti ; il est mal-aisé d’envisager ce désordre autrement que comme un état de guerre : car lors même que ceux qui ont été établis