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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/71

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par M. Locke.

qui ne peut s’ôter la vie, ne peut, sans doute, communiquer à un autre aucun droit sur elle. Certainement, si un homme, par sa mauvaise conduite et par quelque crime, a mérité de perdre la vie, celui qui a été offensé, et qui est devenu, en ce cas, maître de sa vie, peut, lorsqu’il a le coupable entre ses mains, différer de la lui ôter, et a droit de l’employer à son service. En cela, il ne lui fait aucun tort ; car au fonds, quand le criminel trouve que son esclavage est plus pesant et plus fâcheux que n’est la perte de sa vie, il est en sa disposition de s’attirer la mort qu’il desire, en résistant et désobéissant à son maître.

III. Voilà quelle est la véritable condition de l’esclavage, qui n’est rien autre chose que l’état de guerre continué entre un légitime conquérant et un prisonnier. Que si ce conquérant et ce prisonnier venoient à faire entre eux un accord, par lequel le pouvoir fût limité à l’égard de l’un, et l’obéissance fût limitée à l’égard de l’autre, l’état de guerre et d’esclavage cesse, autant que le permet l’accord et le traité qui a été fait[1]. Du reste, comme il a été

  1. Il n’y a de véritablement esclaves que ceux qui ont été pris en guerre. Or, dans l’état de guerre