Page:Locke - Oeuvres diverses, 1710.djvu/193

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supposons qu’un petit nombre de chrétiens, faibles et dénués de tout, se retirent dans quelque pays d’idolâtres ; qu’ils les prient d’abord, par les droits de l’humanité, d’avoir compassion d’eux, et de leur fournir ce qui est nécessaire à la vie : qu’ils l’obtiennent, qu’on leur donne des habitations, et qu’enfin ils s’unissent avec les naturels du pays, et ne forment qu’un seul peuple. Supposons ensuite que la religion chrétienne y jette de profondes racines, qu’elle s’y répande au long et au large, que, durant ces progrès insensibles, on voit régner entre eux la paix, l’union, la bonne foi et la justice; mais que nos étrangers devenus les plus forts, par la conversion du magistrat au christianisme, ne pensent qu’à fouler aux pieds les droits les plus inviolables et les traités les plus solennels, sous prétexte d’extirper