Page:Locke - Oeuvres diverses, 1710.djvu/262

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qui sont prêts à écouter de bonne foi la Raison, mais qui faute de l’étenduë d’Esprit necessaire, d’un Jugement exquis & solide, n’embrassent pas tout ce qui se raporte à la Question, & qui peut être de consequence pour la decider. Nous avons tous la vuë courte, & nous ne voions souvent qu’un seul côté d’une chose, sans pouvoir decouvrir tout ce qui se trouve y avoir quelque liaison. Il n’y a personne, à ce que je croi, qui soit exemt de ce Defaut. Nous ne voions qu’en partie, nous ne connoissons qu’en partie ; de sorte qu’on ne doit pas s’étonner si de nos vuës imparfaites nous tirons des consequences peu justes. Ceci pourroit aprendre à l’Homme le plus entêté de son merite, qu’il est fort utile de consulter les autres, même ceux qui n’aprochent pas de son savoir, ni de sa penetration. Puis qu’un seul ne

voit