Page:Locke - Oeuvres diverses, 1710.djvu/283

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en raisonner avec eux, paroissent tout-à-fait stupides.

D’un autre côté, quoi que les Facultez de l’Esprit aquierent de l’étenduë par l’Exercice, on ne doit pas les pousser au delà de leurs justes bornes. Il faut que chacun essaie[1] jusqu’où peuvent aller ses forces, & qu’il prenne ses mesures là-dessus, s’il veut du moins entretenir la vigueur de son Esprit, & ne le rebuter point par des occupations trop difficiles. L’Esprit engagé dans une tâche au dessus de sa portée, de même que le Corps, épuisé pour avoir levé un Fardeau trop lourd, perd souvent sa force, & se met ainsi hors d’état de faire à l’avenir aucune action vigoureuse. Un Nerf foulé ne se retablit qu’avec peine, ou du moins il lui reste une grande foiblesse pour longtems, & le souvenir en est si vif, qu’on

en
  1. Quid valeant humeri, quid ferre recusent.