Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/120

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L’équivoque n’existe pas réellement, si Ton entend bien ce que le nom de Messie a signifié pour Jésus, comme pour ses contemporains. Il paraît indubitable que le Sauveur a été condamné à mort pour avoir affecté des prétentions à la royauté d’Israël, c’est-à-dire au rôle de Messie, puisque son action n’avait rien de politique. Mais, autant qu’on en peut juger d’après les souvenirs traditionnels, ce point même ne put être établi que par son aveu devant le grand prêtre d’abord, puis devant Pilate. Pas plus à Jérusalem qu’en Galilée, Jésus n’avait dit ouvertement qu’il était le Christ Fils de Dieu. Seulement, à Jérusalem, il avait laissé voir où tendait sa prédication, et quelle place il revendiquait pour lui-même dans le royaume annoncé. Il avait donc conscience d’être le Messie, quand il quitta la Galilée, et la confession de Pierre, dont on n’a, par ailleurs, aucun motif de suspecter l’historicité, vient éclairer la situation. La conviction des disciples n'était sans doute pas ancienne quand elle s’est exprimée par la bouche de Simon ; mais rien n’empêche d’admettre que Jésus lui-même, lorsqu’il a commencé à prêcher l’Évangile, ne se considérait pas simplement