Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/196

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Christ, il faut avoir commencé par mettre cette religion en dehors de l’histoire et du monde réel.

Si l’Eglise était une institution toute politique, telle que la conçoit et la représente M. Harnack, il est sûr qu’elle n’aurait rien de commun avec l’Evangile et qu’elle succéderait simplement à l’empire romain. Mais on a déjà pu voir en quel sens l’Eglise a véritablement succédé à l’empire. Les souvenirs et la tradition de l’empire ont conditionné, pour ainsi dire, l’action de l’Eglise, mais ils n’en ont pas changé le caractère essentiel. Quoi qu’on en puisse dire, il y a loin encore de Pie X à Trajan, des évêques aux proconsuls, des moines aux légions, des Jésuites à la garde prétorienne. Le pape n’est pas roi en tant que pape, et c’est encore d’Eglise universelle, non d’empire qu’il s’agit. Les catholiques ne regardent pas le pape comme leur souverain, mais comme leur guide spirituel. Tout en recevant l’investiture du pape, les évêques ne sont, ni en droit ni en fait, de simples délégués ; si le pape est successeur de Pierre, les évêques sont successeurs des apôtres, et leur ministère n’est pas d’ordre politique ni purement administratif.