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II

La pensée chrétienne, à ses débuts, fut juive et ne pouvait être que juive, bien que le christianisme évangélique ait contenu le germe d’une religion universelle. Le premier changement, le plus décisif, le plus important, le plus rapide aussi peut-être, qu’il ait subi, est celui qui lit d’un mouvement juif, fondé sur l’idée du règne messianique, une religion acceptable pour le monde gréco-romain et pour l’humanité. Si prompt qu’il ait été, ce changement a été gradué : saint Paul, le quatrième Évangile, saint Justin, saint Irénée, Origène marquent les étapes de cette progression, pour ce qui regarde l’évolution des idées et l’adaptation de la croyance aux conditions de la culture intellectuelle durant les premiers siècles de notre ère. La transformation se fit, nonobstant la tendance traditionnelle et conservatrice, inhérente à toute religion, qui se manifesta dès le premier âge du christianisme. L’obligation de la Loi mosaïque fut abrogée malgré les judaïsants ; la théorie du Logos triompha malgré les adversaires