Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/229

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et qu’ils portent en eux le principe funeste qui leur a donné le jour ; mais à tel mal tel remède ; la grâce méritée par Jésus, et qui est essentiellement le don de la foi et de l’amour de Dieu, est un attrait d’un autre ordre, tout puissant et divin, par lequel l’homme acquiert la liberté du bien, en devenant capable de résister efficacement à l’attrait funeste de la concupiscence ; tant qu’il vit sur la terre, la concupiscence n’est pas extirpée jusque dans sa racine, elle est simplement combattue et refoulée par l’attrait supérieur de la grâce de Dieu.

La doctrine de la grâce n’est pas plus romaine d’origine que celle du Verbe incarné. L’Eglise d’Afrique n’était pas romaine de race ni d’esprit, nonobstant ses relations étroites et permanentes avec la communauté de Rome. On y avait gardé très vif le sentiment de la dignité personnelle du chrétien et de la sainteté chrétienne ; bien qu’on n’eût pas suivi Tertullien dans la chimère du montanisme, on avait, pour ainsi dire, le culte de l’Esprit et des sacrements qui le donnent ; pendant longtemps on refusa d’accepter le baptême des hérétiques, et un schisme formidable, celui des donatistes, eut la même