Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/258

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latine, à l’idée du contrat, du salut rattaché à des conditions déterminées ; les sacrements y sont des moyens d’union à Dieu, que l’on conçoit comme des actes obligatoires ; la discipline de la pénitence ressemble à un code de procédure civile : même en tant que dispensatrice du salut, l’Église romaine est une institution juridique, aussi « polythéiste » d’ailleurs que l’Église grecque [1].

M. Harnack trouve que Luther avait raison de penser que la grâce ne se donne point par morceaux, et que la grâce unique est Dieu même, que toute la doctrine des sacrements est un « attentat à la majesté de Dieu et une servitude des âmes » ; mais le réformateur a eu tort de se laisser entraîner dans des controverses affligeantes sur les moyens de grâce, sur la cène et le baptême des enfants, où il était en danger d’échanger sa haute idée de la grâce divine contre l’idée catholique ; à cet égard, l’héritage qu’il a laissé à son Église a été funeste [2].

  1. Pp. 155-156.
  2. Pp. 175, 183-184.