Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/31

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pas même aux théologiens, si ce n’est dans un exercice tout personnel de leur esprit, et à plus forte raison n’appartient-il pas à un critique, de saisir la religion au passage, de la mettre en morceaux, d’en extraire un élément quelconque et de le déclarer unique en disant : « Voilà l’essence du christianisme. » Regardons vivre la religion chrétienne, et en voyant ce dont elle a vécu depuis le commencement, ce par quoi elle se soutient, notons les traits principaux de cette existence séculaire, persuadés qu’ils ne perdent rien de leur réalité ni de leur importance pour se présenter à nous aujourd’hui sous des couleurs qui ne sont plus celles d’autrefois.

En réduisant le christianisme à un seul point, à une seule vérité que la conscience de Jésus aurait perçue et révélée, on protège bien moins qu’on ne croit la religion contre toute attaque, attendu qu’on la prive à peu près de tout contact avec la réalité, de tout appui dans l’histoire, et de toute garantie