Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/59

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Elle embrasse le temps compris entre le baptême de Jésus par Jean, et la résurrection du Sauveur ; et elle s’en tient encore à la notion du Messie promis à Israël, bien que déjà elle tende à la dépasser en la traduisant. L’Évangile de Marc, qui, dans l’ensemble, représente cette étape de la foi, contient néanmoins les traces d’une doctrine plus compliquée, d’une spéculation qui s’exerce sur la vie et la mort du Christ, et les interprète au gré d’une théologie plus savante. On pressent déjà que le cadre métaphysique de la foi chrétienne s’est élargi. Il ira s’élargissant toujours, et le cadre historique s’allongera aussi, de façon à comprendre toute la vie de Jésus.

La première théorie christologique a été formulée par saint Paul. Cet apôtre, qui n’avait pas connu Jésus, et que les vicissitudes de sa carrière ont fait l’évangéliste des nations, a eu besoin le premier, ou l’un des premiers ; de se former une idée du Christ, de le définir comme Sauveur, puisqu’il ne pouvait le raconter, et qu’il était dans la nécessité de l’expliquer. Partant de