Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/84

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inquiète [1] peut éveiller l’idée d’un progrès moral accompli dans les âmes : en réalité, la comparaison porte sur le royaume prêché et sur le royaume manifesté, le premier répondant aux semailles, et le second à la moisson ; entre les deux se place le temps où la semence pousse et où l’Evangile grandit. Les paraboles du grain de Sénevé et du Levain, qui font valoir le contraste d’un début chétif et d un grand résultat final, s’appliquent aussi à l’antithèse du royaume semé par la prédication évangélique, et du royaume développé dans sa manifestation définitive. Partout l’Évangile est subordonné au royaume proprement dit.

Il est besoin d’une certaine préparation pour trouver que celui qui récite l’Oraison dominicale prie uniquement afin de conserver la force qu’il possède déjà et d’affermir l’union dans laquelle il vit avec Dieu [2]. La première partie de la prière concerne l’avènement du royaume, et le chrétien qui dit : « Que ton règne arrive », ne suppose pas que le royaume des cieux soit

  1. MARC, IV, 26-29.
  2. P. 42.