Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/9

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Aussi ne peut-on, dès l’abord, se défendre d’une certaine inquiétude, en voyant un mouvement aussi considérable que le christianisme ramené à une seule idée ou à un seul sentiment. Est-ce bien la définition d’une réalité historique, ou une façon systématique de la considérer ? Une religion qui a tenu tant de place dans l’histoire et qui a renouvelé, pour ainsi dire, la conscience de l’humanité, a-t-elle son point de départ et toute sa substance dans une seule pensée ? Comment cette grande force peut-elle consister en un seul élément ? Se peut-il qu’un tel fait ne soit pas plus complexe ? La définition du christianisme, d’après M. Harnack, est-elle d’un historien, ou seulement d’un théologien qui prend dans l’histoire ce qui convient à sa théologie ? La théorie qui est exposée dans les conférences sur l’essence du christianisme est celle qui domine la savante histoire des dogmes [1], qu’a publiée le même auteur.

  1. Lehrbuch der Dogmengeschichte, Fribourg e. B. I-II, 1894 ; III, 1897.