Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/96

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que la vie humaine et aussi profonde que la misère humaine ». Jésus apprécie les nécessités communes de la vie, habitation, nourriture, propreté ; il veut que ces biens essentiels soient procurés à tous ceux qui ne peuvent se les donner ; il semble même avoir entrevu la possibilité dune société où la richesse n’existerait pas comme propriété privée, dans le sens strict du mot ; mais on doit tenir compte ici de son « eschatologie ».

Ne conviendrait-il pas d’en tenir compte pour tout le reste ? Si Jésus n’a pas voulu la pauvreté générale comme condition du royaume de Dieu, n est-ce point parce qu’il conçoit le royaume indépendamment de l’état social humain ? On ne peut pas dire qu’il se soit proposé de supprimer la misère, si l'on entend par là qu’il aurait eu la préoccupation constante d’y remédier par la voie normale d une sage distribution de secours, recommandée aux détenteurs de la richesse. La disparition de la pauvreté n’est prévue, et l’on peut même dire désirée, que par l’avènement du royaume. Le dépouillement complet qui est exigé du riche importe plus à l’intérêt spirituel de celui-ci qu’au soulagement