Aller au contenu

Page:London - Avant Adam, 1974.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

hommes rêvaient, et s’ils faisaient de mauvais rêves, ils hurlaient dans leur sommeil. Moi, l’homme moderne, je me suis couché à côté de Grande-Dent et j’ai rêvé ses propres rêves.

Cette affirmation dépasse presque l’entendement, je le sais ; mais je suis certain que pareil phénomène m’est arrivé. Et permettez-moi de vous dire que ces rêves fugitifs, où Grande-Dent volait ou rampait, étaient pour lui aussi vivants que l’est, pour vous, le rêve de la chute à travers l’espace.

Car Grande-Dent avait également un autre lui-même, et dans son sommeil, cet autre lui-même retournait en rêve vers l’époque des reptiles ailés, des dragons batailleurs et encore plus loin en arrière, à la vie grouillante des mammifères minuscules, pour remonter jusqu’au limon primitif.

Je ne puis, je n’ose en dire davantage. Tout cela serait trop vague et trop compliqué. Je ne m’attarderai pas à décrire ces perspectives affreuses le long desquelles il m’a été donné de jeter un coup d’œil sur l’évolution de la vie en partant, non point du singe à