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Page:London - Avant Adam, 1974.djvu/9

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petite assiette. J’en remplis ma cuiller, mais avant même de la porter à ma bouche, je connaissais leur saveur. Je ne fus nullement déçu : elles possédaient cet arrière-goût éprouvé mille fois déjà dans mon sommeil.

Et les serpents ! Bien avant que j’eusse entendu parler de leur existence, ils me tourmentaient dans mes songes. Ils me guettaient dans les clairières des forêts, se dressaient et bondissaient sous mes pieds, se faufilaient en rampant dans l’herbe sèche ou sur les rochers nus, me poursuivaient jusqu’à la cime des arbres, enroulant les troncs de leurs longs corps luisants, me chassant de plus en plus haut jusqu’aux menues branches qui craquaient sous mon poids, alors que le sol m’apparaissait à une distance vertigineuse au-dessous de moi.

Ah ! les serpents !… avec leur langue fourchue, leurs yeux ronds comme des perles, leurs écailles brillantes, leur sifflement et leurs bruissements soyeux !… Je ne les connaissais que trop quand, pour la première fois, on me conduisit au cirque où je vis le charmeur de serpents à l’œuvre. Je