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BELLIOU-LA-FUMÉE

Jean Belliou le regarda et proféra un juron de surprise.

« N’oubliez pas que mon nom est la Fumée, murmura Kit.

— Mais que vas-tu faire ? »

Kit fit un mouvement embrassant tout le Nord au-delà du lac battu par la tempête.

« À quoi bon m’en retourner après être venu jusqu’ici ? demanda-t-il. Et puis j’ai goûté à la viande, et ce goût-là me plaît. Je continue.

— Tu es sans le sou, protesta Jean Belliou, et tu n’as pas d’équipement.

— Mais j’ai un emploi. Contemplez votre neveu, Christophe Belliou-la-Fumée ! Il a trouvé une situation : homme à tout faire d’un gentleman ; cent cinquante dollars par mois et la croûte. Il part pour Dawson en qualité de cuisinier de campement et batelier ! Et O’Hara et La Vague peuvent aller au diable ! Adieu ! »

Jean Belliou, abasourdi, ne pouvait que murmurer :

« Je n’y comprends rien.

— On dit que les grizzlis à gueule chauve foisonnent dans le bassin du Yukim, expliqua Kit. Eh bien ! je n’ai qu’une chemise, et je vais chercher de la viande d’ours, voilà tout ! »