Page:London - Constuire un feu, nouvelles, trad Postif et Gruyer, 1977.djvu/141

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corpulent, et les quatre vieux si faibles qu’ils chancelaient, tout en le poussant en avant.

— Tout cela est bel et bon, déclara-t-il. Mais l’heure n’est pas de discuter sur la meilleure façon de vivre. Nous avons, toi et moi, Porportuk, d’autres affaires à régler ce soir. Celui qui doit est à plaindre, et j’ai des dettes envers toi. De combien te suis-je redevable ?

Porportuk plongea sa main dans sa poche, y fouilla, et sortit son mémoire. Après quoi, il sirota une gorgée du contenu de son verre, et commença :

— Voici, d’abord, une facture d’août 1889, qui monte seulement à trois cents dollars. Les intérêts ne m’en ont jamais été payés… En voici une autre, de l’année d’après, qui est de cinq cents dollars… Puis une troisième, qui date de deux mois plus tard. Les deux font mille dollars. Voici une quatrième note…

— Que m’importent toutes ces notes ! s’exclama Klakee-Nah, impatienté. Tu m’agaces… Dis le total ! Le total en chiffres ronds ! Combien cela fait-il ?

Porportuk consulta son mémoire et, lentement, en articulant tous ses mots, y lut :

— Quinze mille neuf cent soixante-sept dollars et quinze cents.

— Mettons seize mille dollars, dit généreusement Klakee-Nah. Arrondissons la somme et laissons là les fractions, qui ne servent qu’à embrouiller les idées. Rédige-moi donc une nouvelle note de seize mille dollars, et je vais la signer. Quand aux intérêts que peut représenter cette somme, je n’en ai aucune idée. Compte-les au taux que tu voudras et ajoute-les à ta note. Je te paierai le tout dans l’autre monde, où je te donne rendez-vous après ta mort, aux côtés du Dieu suprême, notre père à tous. Oui, je réglerai là cette note. Je te le promets solennellement ! Porportuk, tu as la parole de Klakee-Nah.