Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce qu’il faut à un civilisé pour pouvoir vivre, aux Salomon, un laps de temps honorable, c’est, tout d’abord, d’avoir chance et prudence,

C’est ensuite de porter, imprimée fortement dans l’âme, la frappe authentique du blanc impavide et dominateur.

Voilà ce qui est, avant tout, nécessaire.

Un pareil homme doit mépriser toutes les contingences adverses, avoir en lui-même une confiance incommensurable, être bien persuadé, Par Son orgueil de race, qu’un seul blanc vaut, en semaine, plus que mille nègres et qu’il peut, le dimanche, en estourbir deux mille.

Voilà ce qui rend le blanc invincible et lui a frayé, autour du monde, une route royale.

Il ne faut pas non plus que notre homme, dans ses rapports avec ses frères jaunes, ses frères noirs, s’amuse à couper les cheveux en quatre, qu’il se creuse le cerveau à comprendre toutes ces mentalités qui lui sont étrangères et qui ne peuvent qu’obscurcir la sienne propre. Il est le maître de la terre. Sur cette seule pensée doit se concentrer son esprit.

Tel, assurément, n’était pas le cas de Bertie Arkwright. C’était un gentil garçon, un dandy à la dernière mode et, du point de vue intellectuel, un sensitif aux cordes trop fines, qui vivait d’imagination. Le vol d’une mouche, qui l’effleurait, le faisait frissonner et pour cinq minutes le rendait rêveur. Au résumé, aucune maîtrise de lui-même.

Fâcheuse idée, pour ce garçon, de s’en venir aux îles Salomon !