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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/197

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« Mais nous y fûmes pareillement pourchassés dans une battue en règle qui nous ramena, avec nos dernières pirogues, dans le lagon d’Oulong. Toute fuite était impossible.

« Vingt grandes pirogues, montées par les plus vaillants d’entre nous, auxquels je m’étais joint, tentèrent d’attaquer la plus petite des goélettes. Mais, du pont, les hommes blancs jetèrent sur nous leurs boudins de dynamite.

« Puis, pour varier, ils nous aspergèrent d’eau bouillante. Sans compter les fusils, qui ne cessaient de fumer.

« Et, grimpé sur le toit de la grande cabine, le second dansait toujours, en beuglant vers nous : Yah ! Yah ! Yah !

« Au nombre de dix miille, sur vingt-cinq mille têtes que, huit jours avant, comptait l’atoll d’Oulong, nous fûmes finalement acculés sur un étroit banc de sable, où nous étions tellement serrés qu’il n’y avait pas de place pour se coucher. Il fallait jour et nuit rester debout, côte à côte, épaule contre épaule.

« On nous tint là pendant deux jours, tandis que, grimpé dans le gréement d’une des goélettes, le second continuait à nous narguer en criant comme un forcené : Yah ! Yah ! Yah !

« Et nous regrettions amèrement de nous être, le mois précédent, attaqués à lui et à son navire.

« Nous n’avions rien à manger et pas une goutte