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Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/238

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arrivait un bruit bizarre. On eût dit quelqu’un qui haletait lourdement.

Puis une main fourragea la natte suspendue qui servait de porte.

« Qui est là ? demanda Mapouhi.

— Naouri. Je cherche mon fils. Peux-tu me dire où il est ? »

Téfara avait sursauté et saisi nerveusement le bras de son mari.

« Un fantôme…, murmura-t-elle, en claquant des dents. Un fantôme ! »

Mapouhi avait senti, lui aussi, un frisson le secouer de la tête aux pieds.

Il se cramponna à Téfara, comme elle à lui.

« Bonne femme, assura-t-il d’une voix chevrotante et dont il s’efforçait de déguiser l’identité, je connais bien votre fils… Il n’est pas ici. Il habite du côté opposé du lagon. »

Un soupir fut la réponse.

Mapouhi commença à se rassurer. Il avait trompé le fantôme.

« Et d’où viens-tu, pauvre vieille ? risqua-t-il.

— De la mer…, gémit la voix lamentable.

— Oui, oui, de la mer… C’est bien cela…, hurla imprudemment Téfara.

— Ah ! Ah ! Téfara est ici ! reprit la voix extérieure. Si elle est ici, mon fils y est aussi. Depuis quand Téfara couche-t-elle dans une maison étrangère ? »

Mapouhi se remit à trembler de tous ses membres.

« Tu nous as trahis…, chuchota-t-il à l’oreille de sa femme.