Aller au contenu

Page:London - Contes des mers du Sud, trad. Postif et Gruyer, 1948.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’intermédiaire d’Erirola, Ra Vatou avait daigné lui envoyer dans sa montagne.

Quand il prit la dent, des acclamations unanimes, accompagnées de claquements de mains, s’élevèrent.

Tous les courtisans du Bouli, et les chasseurs de mouches eux-mêmes, crièrent de toute la force de leurs poumons :

A ! woï ! woï ! woï ! A ! woï ! woï ! woï ! A ! taboua levou ! Woï ! woï ! A ! moudoua ! moudoua !

Quand ce délire fut un peu calmé, Erirola déclara :

« Bientôt, aujourd’hui même, arrivera ici un homme blanc. C’est un missionnaire, nouvellement débarqué à Viti-Levou.

« Il a de bien belles bottes et, de ces bottes, mon cousin Ra Vatou a un vif désir.

« Non pas pour lui, personnellement, mais afin d’en faire don à son cher ami Mongondro, qu’il chérit par-dessus tout.

« Mongondro se fait vieux et ces bottes seront, pour lui, d’une grande utilité.

« Les pieds peuvent rester dans les bottes. Mais le reliquat doit demeurer ici. »

Un nuage passa sur le front du Bouli, pas méchant homme au fond, et qui se mit à faire la moue en considérant la dent de cachalot. Le charme du cadeau était rompu.

Il interrogea, d’un regard hésitant, le cercle des notables qui l’entouraient et qui, pudiquement, baissèrent les yeux.