Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/168

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les voyait accourir vers lui, avec leurs mains de mauvais augure, il se hâtait de s’échapper.

Peu après cette aventure, dans un campement voisin du Grand-Lac de l’Esclave, il commit sa première infraction à la loi qu’il avait apprise de Castor-Gris, que le plus impardonnable des crimes était de mordre un des dieux. Selon l’usage admis pour tous les chiens, il s’en allait fourrager à travers le campement, afin de chercher sa nourriture. Un garçon découpait, à l’aide d’une hache, de la viande d’élan congelée, et les éclats en volaient dans la neige. Croc-Blanc, s’étant arrêté, commença à se repaître de ces débris. Mais, ayant remarqué que le garçon avait déposé sa hache et s’était saisi d’un gros gourdin, il sauta en arrière, juste à temps pour éviter le coup qui s’abattait sur lui. Le garçon le poursuivit et, comme il était étranger dans le camp, le louveteau, ne sachant où se réfugier, se trouva bientôt acculé, entre deux tentes, contre un haut talus de terre.

Il n’y avait pour lui aucune issue, que le passage entre deux tentes, que gardait l’Indien. Celui-ci, le gourdin levé, s’avançait déjà, prêt à frapper. Croc-Blanc était furieux. Il connaissait la loi de maraude, qui voulait que tous les déchets de viande appartinssent au chien qui les trouvait. Il n’avait rien fait de mal, ni rompu la loi, et cependant ce garçon était là, prêt à le battre. À peine se rendit-il compte lui-même de ce qui arrivait. Ce fut un sursaut de rage. Le garçon ne le sut pas davantage, sinon qu’il se trouva culbuté dans la neige, avec sa main, qui tenait le gour-