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Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/163

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Six autres chiens composaient l’attelage avec lui. Ils étaient nés au début de l’année et, par conséquent, âgés de neuf à dix mois, tandis que le louveteau n’en comptait que huit. Chaque bête était reliée au traîneau par une corde indépendante, fixée à un anneau. Il n’y avait pas deux cordes de la même dimension, et la différence de longueur de chacune d’elles correspondait, au minimum, à la longueur du corps d’un chien. Le traîneau était un « toboggan » en écorce de bouleau, et son avant se relevait, comme fait la pointe d’un sabot, afin de l’empêcher de plonger dans la neige. La charge était répartie également sur toute la surface du véhicule, d’où les chiens rayonnaient en éventail.

La différence de longueur des cordes empêchait les chiens de se battre entre eux, car celui qui aurait voulu le faire ne pouvait s’en prendre utilement qu’au chien qui le suivait et, en se retournant vers lui, il s’exposait en même temps au fouet du conducteur, qui n’eût point manqué de le cingler en pleine figure. S’il prétendait, au contraire, attaquer le chien qui le précédait, il tirait plus vivement le traîneau et, comme le chien poursuivi en faisait autant, pour n’être point atteint, tout l’attelage, entraîné par l’exemple, accélérait son allure.

Mit-Sah était, comme son père, un homme sage. Il n’avait pas été sans remarquer les persécutions dont Croc-Blanc était victime de la part de Lip-Lip. Mais alors Lip-Lip avait un autre maître et Mit-Sah ne pouvait faire plus que de lui lancer quelques pierres. Ayant acquis maintenant Lip-Lip, il commença à assouvir sur lui sa vengeance