Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/191

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plus extravagants n’avaient pas escompté un gain de plus de cent pour cent. C’étaient mille pour cent qui s’offraient à lui. En bon Indien, quand il vit cela, il installa sans hâte et soigneusement son commerce, décidé à prendre l’été entier, et l’hiver suivant au besoin, pour tirer tout le parti possible et le plus avantageux de sa marchandise.

Ce fut à Fort Yukon que Croc-Blanc vit les premiers hommes blancs. Comparés aux Indiens qu’il avait connus, ils lui semblèrent des êtres d’une autre espèce, une race de dieux supérieurs. Son impression fut qu’ils possédaient un plus grand pouvoir, et c’est dans le pouvoir que réside la divinité des dieux.

Ce fut un sentiment qu’il éprouva, plus qu’il ne raisonna cette impression. De même que, dans son enfance, l’ampleur des tentes, élevées par les premiers hommes qu’il avait rencontrés, avait frappé son esprit comme une manifestation de puissance, de même encore il était frappé maintenant par les maisons qu’il voyait et qui étaient construites, comme le fort lui-même, de bûches massives. Voilà qui était de la puissance. Le pouvoir des dieux blancs était supérieur à celui des dieux qu’il avait adorés jusque-là, supérieur même à celui de Castor-Gris, de ceux-ci le plus puissant, et qui ne semblait plus, parmi les dieux à peau blanche, qu’un petit dieu enfant.

Il s’était montré, d’abord, soupçonneux envers eux. Pendant les premières heures qui suivirent son arrivée, avec grand soin il les examinait, tout en craignant d’être remarqué lui-même, et il se tenait à une prudente distance. Puis, voyant que