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XXV

LE SOMMEIL DU LOUP


Ce fut à l’époque où les journaux étaient pleins de l’audacieuse évasion de la prison de San-Quentin du célèbre convict Jim Hall. Cet homme avait été créé mauvais et la société ne l’avait pas amélioré. La société est dure, et Jim Hall était un frappant exemple de sa dureté. Elle avait fait de lui une bête, bête humaine sans doute, mais aussi féroce que les pires carnassiers.

Les châtiments n’avaient jamais pu le briser. C’était le seul traitement qu’il avait jamais connu, depuis le temps où, bébé, l’asile de San Francisco l’avait recueilli, tendre argile prête à recevoir la forme qu’on lui donnerait. Il avait fait le mal et, trois fois, on l’avait emprisonné. Plus férocement la société le frappait, et plus indomptable il luttait contre elle. Camisole de force, jeûne et coups de gourdin étaient son lot ordinaire.

Au cours de son troisième emprisonnement, il fut livré à un gardien qui était une bête brute, presque aussi sauvage que lui. Le gardien portait un trousseau de clefs et un revolver. Jim Hall n’avait que ses mains nues et ses dents. C’était à