Page:London - Croc-Blanc, 1923.djvu/61

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fut pour voir, par une des brèches, la louve qui le regardait.

Combien de temps dormit-il ? Il n’aurait su le dire. Mais, lorsqu’il s’éveilla, il lui parut qu’un changement mystérieux s’était produit autour de lui. Un changement à ce point étrange et inattendu que son réveil en fut brusqué sur-le-champ. Il ne comprit point, d’abord, ce qui s’était passé. Puis il découvrit ceci : les loups étaient partis. Seul, le piétinement pressé de leurs pattes, imprimées sur la neige, lui rappelait le nombre et l’acharnement pressé de ses ennemis. Puis, le sommeil redevenant le plus fort, il laissa retomber sa tête sur ses genoux.

Ce furent des cris d’hommes qui le réveillèrent, cette fois, mêlés au bruit de traîneaux qui s’avançaient, à des craquements de harnais, à des halètements époumonés de chiens de trait.

Quatre traîneaux, quittant le lit glacé de la rivière, venaient en effet vers lui, à travers les sapins. Une demi-douzaine d’hommes l’entouraient, quelques instants après. Accroupi au milieu de son cercle de feu, qui se mourait, il les regarda, comme hébété, et balbutia, les mâchoires encore empâtées :

— La louve rouge… Venue près des chiens au moment de leur repas… D’abord elle mangea les chiens… Puis elle mangea Bill…

— Où est lord Alfred ? beugla un des hommes à son oreille, en le secouant rudement.

Il remua lentement la tête.

— Non, lui, elle ne l’a pas mangé… Il pourrit sur un arbre, au dernier campement.