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Page:London - En pays lointain.djvu/105

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SIWASH

Cap Horn par gros temps ? Tu as goûté le plaisir de te trouver dans la voilure en pleine bourrasque, quand il faut lutter contre le grésil, la neige, la toile gelée, qu’on sent qu’on va tout lâcher et qu’on est prêt à pleurer comme un gosse. Ses vêtements… Elle ne sera plus capable de distinguer un paquet de jupons d’une batée ou d’une théière.

— Nous avons eu tort, hein, de la laisser partir ?

— Ah ! Fichtre non ! Tu parles, Dick, quel enfer elle aurait fait de cette tente pendant le reste du voyage, si nous l’avions retenue ! Elle a trop de feu ; mais ça va la rafraîchir.

Dick hocha la tête.

— Oui, dit-il, elle est un peu trop téméraire. Mais à part ça, on ne peut rien lui reprocher. C’est une sacrée petite folle de se risquer dans une pareille entreprise ; mais elle vaut tout de même mieux que ces femmes qui sont tout le temps à vous dire : « Traîne-moi. » Elle est bien de la race de nos mères. Pardonnons-lui sa fougue. Il faut une vraie femme pour faire un homme. Celle qui n’a de la femme que les jupons ne peut enfanter un être viril. Pour allaiter un tigre, il faut prendre une chatte de préférence à une vache.

— Quand elles sont déraisonnables, faut-il tout leur passer ? demanda Tommy d’un ton de protestation.

— Quelle idée ! Si tu te coupes avec un couteau bien aiguisé, la blessure sera plus profonde que s’il est émoussé. Est-ce une raison pour user le tran-