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SIWASH

Liverpool, et aussi à Gussie-la-Rousse dont j’avais rossé le frère après mon premier voyage parce qu’il ne voulait pas que sa sœur eût un matelot pour amoureux.

« Quel drôle de monde, me disais-je, où un homme marche sur des pistes auxquelles sa mère était loin de songer lorsqu’elle le tenait au sein !

« Au fait, je commençais à me rendre compte de la témérité de mon action ; mais il me suffit de jeter un coup d’œil sur George pour me sentir prêt à toutes les audaces. Que faire ? Sauter à la gorge du chef comme j’en avais une sacré envie ? Ce n’était pas cela qui eût arrange mon affaire.

« Tout à coup, je vis ce qu’il fallait tenter.

« Je dois d’abord te dire que le camp fourmillait de chiens. Ici, là, il y en avait partout : des loups apprivoisés, ni plus, ni moins. Quand la nourriture vient à manquer, on les renvoie dans la forêt chez leurs congénères sauvages, et ils reprennent vite leurs habitudes de rudes combattants.

« Je n’étais plus séparé de Tilly que par un groupe de chiens, qui, allongés dans différentes poses, attendaient l’heure du festin. L’un d’eux se mit à bâiller ; et c’est en voyant ses crocs formidables que mon idée me vint. Il était juste devant mes mocassins, tandis que j’en avais un autre contre mes talons.

« Le vacarme était à son comble ; les tambours, en peau de morse, grondaient, et les prêtres chantaient.

« — Es-tu prête ? Criai-je à Tilly.