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Page:London - En pays lointain.djvu/172

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LE DIEU DE SES PÈRES

Hay Stockard ne la quittait pas des yeux. Trois hommes pagayaient avec des mouvements rythmés et précis, mais un mouchoir rouge, noué sur la tête de l’un d’eux, frappa son regard.

— Bill ! cria-t-il. Oh, Bill !

Un géant à l’aspect balourd et dégingandé se glissa en roulant hors d’une des tentes, bâilla et se frotta les paupières encore lourdes de sommeil. Il aperçut l’étrange pirogue, et écarquilla soudain les yeux.

— Par Mathusalem ! C’est ce damné pilote du ciel !

Hay Stockard fit un signe de tête résigné, esquissa un geste comme pour prendre son fusil, puis haussa les épaules.

— Descends-le ! — suggéra Bill, — et l’affaire sera réglée tout de suite. Si tu ne m’écoutes pas, il va sûrement tout faire rater.

Mais l’autre déclina cette mesure radicale et s’en alla, en ordonnant à la femme de reprendre ses occupations. Puis il emmena Bill le long du rivage.

Les deux Indiens qui occupaient la pirogue l’échouèrent sur le bord de la baie tandis que le Blanc, remarquable par son luxueux couvre-chef, remontait la berge.

— Comme Paul de Tarse, je vous salue. Que la paix soit avec vous dans la grâce du Seigneur !

Ses avances furent accueillies sans enthousiasme et ne reçurent aucune réponse.

— Salut à toi, Hay Stockard, blasphémateur et