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Page:London - En pays lointain.djvu/181

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LE DIEU DE SES PÈRES

perpétué leur race, et il était destiné à la continuer. Son courage, — si on peut employer ce terme, — son courage était pétri de fanatisme. Celui de Stockard et de Bill s’inspirait d’un idéal aux racines profondes. Ils aimaient la vie autant que lui, mais s’attachaient davantage aux traditions de la race. Ils ne défiaient pas la mort, mais ils étaient assez braves pour refuser de vivre au prix de la honte.

Le missionnaire se dressa soudain, aiguillonné par la soif du sacrifice. Il esquissa le geste d’escalader sa barricade pour se rendre à l’autre camp, mais se laissa retomber, masse tremblante et gémissante.

— L’homme s’agite et Dieu le mène ! Que suis-je pour mépriser ses décisions ? Avant la création du monde, tout l’avenir était déjà consigné au livre de la vie. Ver de terre que je suis, oserai-je en effacer les pages ? L’esprit doit se soumettre à la volonté divine !

Bill l’empoigna, le planta debout et, sans mot dire, le secoua violemment. Puis il le lâcha — paquet de nerfs apeuré — et porta son attention sur les deux convertis Mais ceux-ci, impassibles, procédaient avec bonne humeur et diligence aux préparatifs du combat.

Stockard, après un bref conciliabule à voix basse avec la femme du Teslin, se tourna vers le missionnaire. Apporte-le ici, ordonna-t-il à Bill. Et maintenant, dit-il à Sturges Owen, quand celui-ci eut été déposé devant lui, tu va nous marier et grouille--