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Page:London - En pays lointain.djvu/184

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LE DIEU DE SES PÈRES

lancé, traversa de part en part la femme du Teslin, penchée sur son petit. Une flèche perdue pénétra par un interstice des troncs d’arbres et alla se planter dans le bras du missionnaire.

Il ne fallait pas songer à arrêter la ruée. Les cadavres des Indiens s’amoncelaient, mais les survivants continuaient d’avancer et venaient, comme une mer, se briser contre la barricade qu’ils submergeaient.

Sturges Owen se réfugia dans la tente, tandis que les autres étaient emportés dans le flot humain où ils disparurent.

Hay Stockard émergea seul de la surface. Il avait réussi à saisir une hache, dont il frappait à tour de bras les Peaux-Rouges qui se dispersèrent en hurlant comme des chiens.

Une main noire, empoignant l’enfant par un pied, l’arracha de dessous le cadavre de sa mère. Tournoyant au bout d’un bras, le pauvre petit corps vint s’écraser contre la barricade. D’un coup de hache, Stockard fendit la tête de l’homme jusqu’au menton. Puis, frappant sans relâche, il se mit à déblayer le terrain. Les sauvages se resserraient en cercle autour du blanc, et firent pleuvoir sur lui une grêle de javelots et de flèches à pointes d’os.

Tout à coup, le soleil se montra. Ils continuèrent, dans l’ombre rougeâtre, à reculer, puis à avancer, suivant les chances de la bataille. À deux reprises, Stockard eut le bras comme paralysé par les coups par trop violents que lui assénaient les Indiens. Ceux-ci en profitèrent pour se jeter sur lui, mais cha-