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LE DIEU DE SES PÈRES

librement et qu’il ne lui soit fait aucun mal ! qu’il s’en aille en paix ! Donnez-lui une pirogue et des provisions. Dirigez-le du côté des Russes, afin qu’il puisse parler à leurs prêtres de Baptiste Le Rouge, dans la contrée duquel il n’y a pas de Dieu.

Les guerriers le conduisirent au bord du talus, et là ils s’arrêtèrent pour être témoin du dernier acte de la tragédie.

Le métis se tourna du côté de Hay Stockard.

— Il n’y a pas de Dieu ! affirma-t-il.

Pour toute réponse, l’homme se mit à rire. Un des jeunes Indiens se préparait à lancer un javelot de guerre.

— As-tu un Dieu ?

— Oui ! le Dieu de mes pères.

Il changea sa hache de place pour l’avoir mieux en main. Baptiste Le Rouge fit un signe et le javelot arriva en plein dans la poitrine du blanc. Sturges Owen vit la pointe d’ivoire lui ressortir dans le dos. Puis l’homme chancela, le sourire toujours aux lèvres, tomba en avant, et on entendit le bruit sec que fit la flèche en se brisant sous son poids.

Alors, le prêtre descendit le fleuve pour porter aux Russes le message de Baptiste Le Rouge, dans le pays duquel il n’existait pas de Dieu.