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Page:London - En pays lointain.djvu/194

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MÉPRIS DE FEMMES

monde put dire que jamais œil plus calme n’avait fixé le reflet du soleil sur la mire d’un fusil.

Il n’avait qu’une faiblesse, excès de force peut-être : c’était de ne pas savoir diriger sa force. Cet être plein d’énergie manquait totalement d’esprit de coordination.

Certes il possédait un tempérament d’amoureux et des plus vifs encore. Mais il sut lui imposer silence. Durant de longues années, les collines glaciales furent ses eldorados étincelants ou il vivait de viande d’élan et de saumon.

Or, quand il eut enfin planté ses pieux sur un des claims les plus riches du Klondike, sa passion pour les femmes commença à sourdre et elle éclata lorsque notre homme fut unanimement proclamé roi du Bonanza, et qu’il eut conquis sa place dans la société.

Floyd Vanderlip se rappela alors qu’il avait une fiancée aux États. L’idée qu’elle l’attendait encore lui devint obsédante ; et, ma foi, cet homme qui vivait au 53e degré de latitude nord, considéra comme très agréable de prendre épouse.

Il adressa donc une belle épître de circonstance à la dite fiancée, une certaine Flossie, et lui ouvrit un crédit assez large pour la défrayer de toutes ses dépenses, trousseau et chaperon y compris. Aussitôt après, il fit bâtir une cabane confortable sur sa concession, en acheta une autre à Dawson et fit part de la nouvelle à ses amis.

L’attente ne tarda pas à lui devenir insupportable ;