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Page:London - En pays lointain.djvu/213

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MÉPRIS DE FEMMES

toute l’humiliation que devait éprouver maintenant cette fière créature, masquée seulement de sa fierté.

Peut-être parce que son tempérament anglo-saxon lui interdisait d’attaquer une ennemie en état d’infériorité, peut-être parce que la situation rendait Freda plus intéressante aux yeux de l’homme à conquérir, peut-être aussi pour ces deux motifs à la fois, Mrs Eppingwell eut un geste des plus inattendus.

La voix aiguë de Mrs Mac Fee, vibrante de méchanceté, s’étant fait de nouveau entendre, Freda ne put maîtriser un mouvement pour se détourner ; mais Mrs Eppingwell le prévint et enlevant son masque, elle salua la jeune Grecque d’un lent signe de tête.

Pendant que les deux femmes se dévisageaient, il s’écoula une de ces secondes qui paraissent interminables.

L’une, les yeux flamboyants, prête à foncer, telle une bête aux abois, éprouvait par anticipation toute la douleur et la rancune du mépris, du ridicule, des insultes que d’elle-même elle était venue chercher. Éblouissante coulée de lave, elle brûlait et bouillonnait de chair et d’esprit.

L’autre, l’œil calme, le visage impassible, forte de sa droiture, de sa confiance en elle-même, se sentait sans passions, sans le moindre trouble et apparaissait comme une statue ciselée dans un bloc de marbre.

Un gouffre les séparait. Mrs Eppingwell se refusait à le voir. Il n’y avait plus de pont à franchir, ni