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Page:London - En pays lointain.djvu/229

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MÉPRIS DE FEMMES

Ce missionnaire vivait parmi les indigènes, à plusieurs milles en aval du Yukon, et s’évertuait à leur faire suivre les pistes conduisant tout droit au Paradis des blancs.

Il fut tiré de ses rêves par un Indien d’allure bizarre, qui, lui ayant confié non seulement l’âme, mais aussi le corps d’une femme, s’éclipsa en prenant les jambes à son cou.

Cette pécheresse, d’une beauté massive, se trémoussait de fureur, et de ses lèvres s’échappaient les mots les plus abominables.

Le digne homme en fut outré.

Lorsque la dame commença à se calmer, la situation ne parut pas meilleure à notre Révérend. Songez donc ! Il conservait encore un regain de jeunesse ; et la présence de la belle aurait pu — pour le moins aux yeux de ses ouailles — provoquer un beau scandale si elle ne s’était décidée, aux premières lueurs grises de l’aube, à filer à pied vers Dawson.

Tout cela s’était passé sans éclat. L’événement le plus sensationnel ne se produisit que bien plus tard à Dawson.

L’été venait de finir.

Ce jour-là, la population de Windsor se pressait sur la berge du Yukon pour assister aux courses nautiques. L’attention générale était attirée aussi bien par les allées et venues d’une certaine dame, superbe comme une reine à la parade, que par les savantes évolutions de Sitka Charloy, qui, à coups de