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Page:London - En pays lointain.djvu/237

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L’ABNÉGATION DES FEMMES

— Je ne l’avais jamais entendu dire.

— Pas possible ? C’est pourtant un fait que tout le monde peut constater ; et il n’y a pas à en démordre. Un homme gros peut avoir le dessus lorsqu’il s’agit d’un violent effort momentané, mais, pour tenir le coup qui dure, la graisse ne vaut rien. Endurance et embonpoint ne marchent guère ensemble. Compte sur les petits hommes nerveux pour s’attacher à ce qu’ils entreprennent, comme un chien maigre après un os. Du diable, si les gros en sont capables !

— Bon Dieu ! interrompit Louis Savoy, c’est pas de la blague, ça ! Je connais un gars aussi épais qu’un buffle. Avec lui, à la ruée de Sulphur Creek, trottait un nommé Lon Mac Fane. Vous connaissez ce Lon Mac Fane, ce petit Irlandais à la tignasse rousse, qui rit toujours ? Ils marchent et marchent tout un jour et toute une nuit. Le gros père devient très fatigué et se couche à chaque instant dans la neige. Alors, le petit cogne sur le gros pour le faire relever et le gros pleure comme un gosse. Et le petit cogne et cogne — et longtemps pendant le trajet — cogne sur le gros jusqu’à ce qu’ils arrivent dans ma cabane. Il n’a pu se tirer de mes couvertures avant trois jours. Jamais je n’ai vu pareille femelle ! Non, jamais ! Ah ! il l’avait, lui, ce que vous appelez le filon de graisse !

— Qu’est donc devenu le fameux Axel Gunderson ? demanda Prince.

Le grand Scandinave, avec son odyssée obscur-