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Page:London - En pays lointain.djvu/240

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L’ABNÉGATION DES FEMMES

Sitka Charley, l’Indien Siwash, poursuivit :

La femme dont je vais vous parler s’appelait Passuk. Je l’avait achetée honnêtement à ses parents qui étaient de la côte, et leur totem Chilcat se dressait à l’extrêmité d’un bras de mer.

Mon cœur n’allait pas vers elle, et je ne me souciais nullement de ses regards. D’ailleurs, elle levait rarement les yeux ; elle était timide et farouche, comme les filles jetées brusquement dans les bras d’un inconnu.

Comme je viens de le dire, il n’y avait dans mon cœur aucune place où elle pût se glisser, mais je projetais un grand voyage, j’avais besoin de quelqu’un pour nourrir mes chiens et pour manier la pagaie avec moi pendant les longs jours sur le fleuve.

Une seule couverture pouvait nous protéger tous deux, et je choisis Passuk.

Ne vous ai-je pas dit que j’étais au service du gouvernement ? Sinon, il est bon que vous le sachiez.

On m’embarqua sur un bateau de guerre, avec mes traîneaux, mes chiens et des provisions de conserves, et Passuk m’accompagna.

Nous nous dirigeâmes vers le Nord, vers les glaces qui constituent, l’hiver, le rivage de la mer de Behring, et là on nous débarqua, moi, Passuk et les chiens.